La notion de dyssynchronie

Haut Potentiel, késako ?

Fév 25
Jean-Charles TerrassierPsychologue

La dyssynchronie n'est pas une maladie, c'est un profil de développement spécifique des enfants précoces.

Cette citation est celle du fondateur de l'Association nationale pour les enfants intellectuellement précoces (ANPEIP), première association française de ce type. Ce terme de dyssynchronie a été introduit en 1979 dans Le syndrome de dyssynchronie (Neuropsychiatrie de l'enfance et de l'adolescence, num. 10, 445-450).

Ce symptôme se manifeste par un décalage particulier entre :

  • Dyssynchronie sociale : un niveau intellectuelle en avance par rapport aux autres enfants de son âge, avec par exemple, des centres d'intérêts différents.
  • Dyssynchronie interne : un développement affectif et psychomoteur en deçà de leur développement intellectuel.

​Cette caractéristique essentielle de l’enfant surdoué selon ce psychologue de notoriété internationale, se traduit par des difficultés d'insertion sociale et principalement scolaire, du point de vue des apprentissages et/ou relationnel, pour l'enfant. Et par conséquent, de multiples difficultés peuvent résulter de ce développement hétérogène spécifique parmi lesquelles des frustrations liées à l'incompréhension du milieu dans lequel il grandit (famille, école ...).

En effet, l'enfant sera confronté tantôt à des réactions qui laissent entendre qu'il est immature lorsqu'il manifestera son hypersensibilité face à son sentiment d'injustice, etc, tantôt lorsque sa quête de sens viscéral, son besoin de tout comprendre, exaspéreront les adultes qui le jugeront impertinent à tort. De ce fait, ses frustrations intellectuelle et affective seront constamment en confrontation avec son entourage.

La dyssynchronie de l'enfant intellectuellement précoce induit des besoins éducatifs particuliers.

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​Les besoins qu'il partage avec les autres enfants, comme les besoins relationnels avec des personnes qui lui ressemblent, besoins d'être reconnu pour ses capacités, besoin d'attention ... sont ressentis plus intensément.

S'agissant de ses besoins spécifiques, accrus par leur hypersensibilité, se manifestent régulièrement par des réactions inattendues s'apparentant à des sauts d'humeur qui de prime abord décontenancent son entourage. Ses variations émotionnelles sont le fruit de ce décalage entre son âge affectif et son âge intellectuel. S'ajoute à cela, sa forte tendance à être exigeant envers lui-même qui ne facilite pas son quotidien tant en interaction avec ses paires qu'avec tout ce qui le côtoie.

Spécifiques ils sont car son coeur et sa raison ne font souvent qu'un. Il pense avec son coeur ...

​Ce besoin incessant d'être stimulé et de se nourrir, intellectuellement parlant, est chez lui vital sinon il aura comme une sensation d'étouffer. Ceci explique notamment l'inhibition dont certains ont recours afin de se protéger, de continuer à (sur)vivre, de souffrir en silence ... pensant ainsi pouvoir gérer leur frustration et l'échec qu'ils s'imposent à cause d'un perfectionnisme qui les caractérise tant.

Le résultat d'un test de QI peut donner des indications précieuses sur le niveau de dyssynchronie atteint par un enfant précoce.

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​Lors de la passation d'un bilan psychologique du type "Wechsler", l'analyse des résultats des différents subtests obtenus permet d'identifier le niveau de capacités de l'enfant dans les sphères "verbale" et "performance". En effet, un écart supérieur à 15 points (soit un écart-type) au détriment du QI de performance peut révéler un impact important sur l'équilibre entre motricité et développement intellectuel.  On parle alors de profil hétérogène pouvant révéler des troubles d'apprentissage.


Sources :

  • Les Enfants surdoués ou la Précocité embarrassante, Paris, ESF, 1981.  
  • (Co-auteur) Guide pratique de l’enfant surdoué : Comment réussir en étant surdoué ?, avec Philippe Gouillou, ESF, Paris, 1998.  
  • Dyssynchronie : définition de wikipedia