Le sentiment de décalage, une bonne nouvelle !

Adulte à Haut Potentiel

Mai 25

Parmi les caractéristiques que l'on nomme régulièrement pour identifier un Haut Potentiel, se trouve le sentiment de décalage.

Tout en sachant que celui-ci n'est pas réservé uniquement aux personnes qui sont dotés de ce fonctionnement cognitif particulier, nous allons voir ensemble quelques points pour pouvoir mieux le vivre.

D'abord, comment se traduit-il ?

Ce sentiment de décalage peut être vécu comme quelque chose d'étrange. Comme une impression d'être un "extra terrestre" chaque fois que la personne en question est confrontée à des situations où elle ne se sent pas en phase avec la "norme".

Dans un contexte social, une incompréhension mutuelle peut alors s'installer dès lors qu'une prise de conscience dans la façon de penser s'opère.

Quelles en sont les causes ?

Parmi ce qui peut renforcer ce ressenti : des choses apprises plus vite que les autres, la difficulté de la régulation de ses propres émotions dans le cas d'une hypersensibilité ou encore le fait de se savoir à Haut Potentiel sur le tare. Conséquences : On ne se comprend pas soi-même et on ne comprend les autres.

Un cercle vicieux s'installe à partir du moment où l'entourage de la personne à Haut Potentiel en a connaissance et c'est ainsi que des attentes se fondent sur la base de clichés qu'ils en ont (super intelligent, réussi tout, trop ci, trop ça, ...).

En réponse à cette validation d'être différent, la personne à Haut Potentiel va s'isoler encore plus.

Comment trouver sa place ?

Ceci passe d'abord par le fait de se sentir légitime et d'assumer sa singularité. Allah a fait de chacun d'entre nous des êtres uniques. Alors déculpabiliser de ne pas être comme les autres.

Aussi, se défaire du regard des autres dans une société normée. C'est une des définitions de la maturité.

En effet, l'avis des gens c'est la vie des gens. Le jugement est construit sur le prisme du vécu et des expériences de chacun. L'être humain est ainsi fait. Il nous est préférable de l'accepter.

Comment bien le vivre ?

1- Nommer (en verbalisant) ce que ce sentiment de décalage provoque en nous en terme d'émotions et de besoins. Derrière chaque émotion s'exprime un besoin. Encore faut-il aussi apprendre à identifier si l'émotion nous appartient (hyperempathie) pour être capable de prendre une certaine distance avec la situation vécue.

2- Identifier la récurrence du dit besoin et le temporiser afin d'identifier s'il s'agit d'une croyance qui s'est construite au fil du temps à partir d'un besoin non satisfait (ex : "Je ne me sens pas respectée").

3- Se demander comment éviter de tomber dans le piège de la suradaptation à nos dépends.

4- Savoir utiliser ce décalage à bon escient, pour nous-même dans un 1er temps, sans nécessairement le mettre en avant de but en blanc. Sinon le risque étant que ça se retourne contre nous : frustration, épuisement (born out), ennui (bore out), effacement de sa propre personnalité (faux-self), dépression ...

Le considérer plutôt comme le fait d'avoir un coup d'avance (comme aux jeux d'échec!) qu'il nous faut exploiter au bon moment et de la bonne façon.

En ça, notre sens de l'observation et de l'analyse est notre allié Alhamdouli-Llâh ^^

C’est ainsi que votre besoin d’appartenance (cf pyramide de Maslow), pourra être d'autant plus comblé dans le domaine qui vous est propre tout en trouvant des outils adaptés ( /!\ dérives du développement personnel) pour nous aider à l'identification de nos besoins et nos émotions, incha Allah.

Par ailleurs, se dire qu'en tant que Haut Potentiel et/ou Hypersensible, on se doit de diriger cette bienveillance innée envers nous-mêmes en se laissant du temps.

D'autant qu'il est nécessaire à tout changement. Personne ne peut le faire à votre place. Vous êtes responsables de votre bien-être, tout en n'étant pas trop exigent envers soi-même. Accepter tout simplement que ce sentiment de décalage est normal au vu de la singularité de votre fonctionnement cognitif (vous n'êtes pas seules !) et qu'il peut être source de bien dans la société actuelle :

« Ce n’est pas un signe de bonne santé mentale d’être bien adapté à une société malade. » Jiddu Krishnamurti


Surtout que le fait d’être précurseur est de plus en plus valorisé dans cette même société.

C’est ainsi qu’on évite la suradapation (l’image du rond qui ne peut rentrer dans un carré), d’entraver sa vie avec des soucis qui n’en valent pas la peine, l’épuisement, la dépression ...

Ne pas hésiter à expérimenter des outils jusqu’à trouver ceux qui conviennent. Pour cela, faites appel à la prière de consultation (salat al istikhara) pour faire les bons choix et y trouver Son agrément, incha Allah.

Être à l'écoute de ses besoins a aussi pour effet de faire le tri dans son environnement en s'éloignant au maximum des relations toxiques. Car une fois qu’on s’accepte tel qu’on est, on apprend aussi à dire NON ! Et donc à se dire OUI (affirmation de soi) : dans ce qu'il plait à Allah Ta'ala bien évidemment, à la lumière de Ses enseignements.

Le cercle vicieux laisse place au cercle vertueux.


STOP au syndrome du sauveur !

Allah a accordé à chacun le libre arbitre. Prendre véritablement conscience qu'on ne peut ni changer les autres ni imposer notre vision des choses. C'est Allah qui guide les coeurs.

Si malgré tout, il vous arrive encore d'être confrontés à la dureté de la réalité, il y a toujours la possibilité de s'en extraire et de créer une distance juste avec certaines personnes. (garder les liens filiaux, s'il s'agit de la famille)

Pour ce faire, rappelez-vous de la situation du Prophète - Salla-Llâhou 'alayhi wa salam - à son époque, qui vivait dans une société polythéiste alors qu’il sera ensuite appelé à la croyance d’Allah L’Unique. C'est dans ce contexte qu'il choisissait de s'éloigner de celle-ci, dans la grotte de Hira, avant même la 1ère révélation, afin d'y retrouver le réconfort à travers à la méditation.

Aussi, nous a t-il dit, d'après 'Abdallah Ibn 'Omar :

« Sois dans cette vie comme un étranger ou un voyageur qui fait une halte [..]. » 

(Rapporté par Al Bayhaqi et authentifié par Cheikh Albani dans Sahih Targhib n°3341)

«L'islam a commencé comme quelque chose d'étrange et il redeviendra comme étrange, Alors ANNONCEZ LA BONNE NOUVELLE AUX ÉTRANGERS.»

On lui demanda : « Qui sont ces étrangers,

Ô Messager d'Allah ? ». Il répondit : « Ils sont un petit groupe de gens pieux qui vivent parmi une population majoritairement corrompue. »

Qu'Allah Ta'ala permette que ces dernières paroles empruntes de sagesse et de douceur soient source d'apaisement, de quiétude et de sérénité pour chacun d'entre nous !